LETTRE OUVERTE : AU MILIEU COULE MILLE SOURCES
Lettre ouverte pour la Source de la Corrèze,
pour les forêts humides,
et pour la mémoire du vivant
par Jérôme Hutin – Arbor’Ethic
avec Universelle
Introduction
Je ne suis ni forestier, ni hydrologue, ni même corrézien.
Je suis un photographe naturaliste à Terrasson-Lavilledieu dans le bassin versant de la Vézère, ayant photographié les arbres vénérables autour de la planète et travaillant sur un livre photographique dédié au bassin versant de la Vézère et de la Corrèze. J’enregistre aussi la musique des arbres. Je créé des grandes expositions des arbres.
Je suis un marcheur, un écouteur d’arbre et d’eau,
un amoureux du vivant.
Le 10 novembre 2025, je suis retourné à un lieu qui m’avait marqué en 2022 :
la Source de la Corrèze,
au cœur de la forêt domaniale de Larfeuil, à Pérols-sur-Vézère, en Corrèze. Je ne savais pas qu’il y avait la forêt qui se faisait abattre ! J’ai été triste !
Ce que j’y ai vu m’a interrogé.
Profondément.
Je n’accuse personne — je pose des questions.
En citoyen.
En homme.
En témoin des documents officiels de l’ONF.
1. La Source de la Corrèze : un sanctuaire naturel fragilisé
En 2022, la source était claire, fraîche, intacte.
Le 11 novembre 2025, j’ai découvert :
- des rémanents et branches dans le canal naturel,
- des ornières laissées par des engins lourds,
- une coupe rase totale autour du point d’eau,
- une absence d’ombrage,
- un sol tassé et perturbé,
- un canal partiellement obstrué.
Je suis entré en soirée,
sans déranger,
sans toucher,
sans abîmer.
Uniquement pour comprendre.
2. Ce que disent les documents officiels de l’ONF
2.1. Bande tampon obligatoire de 10 m autour des cours d’eau
Le document ONF est très clair :
« Une bande tampon systématique de 10 mètres de part et d’autre de chaque cours d’eau sera exemptée de sylviculture. »
« Les coupes rases y sont interdites. »
La source de la Corrèze est un cours d’eau naissant.
Donc protégée.
2.2. Un site “prioritaire” pour la préservation écologique
Le même document classe les sources de la Corrèze en :
- milieu humide hors sylviculture (HSY-IEG)
- site prioritaire parmi les trois à restaurer absolument.
2.3. Les cinq décisions écologiques prévues par l’ONF (AMÉNAGEMENT DE LA FORÊT DOMANIALE DE LARFEUIL P.68)
L’ONF écrit que la Source de la Corrèze doit bénéficier de :
- extraction des épicéas avec techniques à faible impact,
- classement hors sylviculture des zones humides,
- maintien en zone ouverte,
- protection d’un îlot de vieux bois,
- sylviculture douce pour les douglas.
3. Ce que j’ai observé ne correspond pas aux textes
Sur le terrain :
- aucune bande tampon,
- engins lourds en zone humide,
- coupe rase totale,
- rémanents dans le canal, sol tassé,
- dynamique naturelle interrompue,
- absence de maintien écologique ouvert,
- aucune précaution visible.
L’écart entre les intentions et la réalité m’interpelle.
Autrement dit :
un sanctuaire, pas un chantier classique.
4. Les sources sont vulnérables : l’exemple de la Vézère à Longeyroux
À quelques kilomètres de là, dans la Tourbière de Longeyroux, naît la Vézère.
Là aussi, il y a quelques années, des coupes rases ont été effectuées en tête de bassin.
Cela pose une question simple :
peut-on protéger une source si le sol est travaillé par des machines lourdes ?
Et une autre, plus sensible :
que se passe-t-il si, même accidentellement, des hydrocarbures (fuel, huiles) se mélangent à l’eau qui jaillit de la tourbe ?
Je ne suis pas expert, mais je m’interroge.
Heureusement, la nature est résiliente.
Elle filtre, elle transforme, elle recrée.
Parfois, elle convertit même une pollution légère
en matière entièrement naturelle.
Mais cette résilience
ne doit pas devenir un prétexte pour oublier la vigilance.
5. Mes questions citoyennes (sans accusation)
Je ne veux pas condamner, seulement comprendre.
1. Bande tampon de 10 m :
Comment s’applique-t-elle à un cours d’eau naissant comme la Corrèze ?
2. Statut HSY-IEG :
Une coupe rase est-elle compatible avec le classement “hors sylviculture” ?
3. Techniques à faible impact :
Quels critères permettent de juger si elles ont été respectées ?
4. Restauration de zone humide :
La coupe rase est-elle la meilleure méthode pour maintenir un milieu ouvert ?
5. Canal obstrué :
Qui assure la remise en état du lit de la source après les travaux ?
6. Cartographie :
Est-il prévu de mieux identifier les sources majeures sur les cartes administratives ?
7. Circuit pédagogique ONF :
Est-il toujours envisagé ?
Comment sera-t-il présenté après un tel chantier ?
Je veux bien faire partie de votre équipe pour ce circuit pédagogique.
Et enfin, une question sincère : Comment concilier les engagements écologiques écrits dans les documents ONF avec les pratiques observées autour de la Source de la Corrèze ?
6. 2025–2026 : Il est temps
Nous parlons de transition.
Nous parlons de résilience.
Nous parlons de climat.
Nous parlons de sécheresses.
Nous parlons de biodiversité.
Et pourtant, des sources entières —
les origines mêmes de nos rivières —
ne sont ni connues, ni protégées, ni respectées.
Les arbres nous donnent l’ombre,
les forêts nous donnent le souffle,
et les sources nous donnent l’eau ;
les arbres et l’eau nous donnent la vie.
Et pour faire grandir un arbre fruitier,
l’eau est essentielle :
sans eau, rien ne pousse, rien ne mûrit, rien ne survit.
Protéger l’eau et l’arbre, c’est protéger le futur.
Protéger les sources, c’est protéger nos enfants.
Protéger les forêts, c’est protéger la planète entière.
Conclusion
Je continuerai de photographier,
d’écrire,
d’aimer le vivant,
et de défendre l’Eau et l’Arbre.
Parce que là où naît une rivière, un bassin versant,
c’est toute une biodiversité qui naît, qui en dépend,
et l’Homme n’en est qu’un des maillons.
Et n’oublions jamais :
Une goutte d’eau, c’est tout un univers à l’intérieur.
Jérôme Hutin
Photographe naturaliste
Arbor’Ethic – Terrasson-Lavilledieu
Avec Universel
Ode à l’eau de la Corrèzeet à la forêt de Larfeuil
Là-haut, sur la terre des bruyères, Autour d’elle se dresse la forêt de Larfeuil, Ici, chaque tronc garde la mémoire du ruissellement, Mais aujourd’hui, la source pleure. Les rémanents la recouvrent comme un linceul, |
Pourtant, elle vit encore. Ô Corrèze, fille des forêts, sœur des pierres et du vent, Que les Saules se penchent pour t’écouter renaître,
|
Vous aimerez aussi
Répétition générale du CONCERT de l’An 2020 du Conservatoire de Musique de Brive
26 janvier 2020
Vallée Vézère Orchestra à Terrasson-Lavilledieu
26 juin 2018

Illustration Chatgpt « Universelle »